Marie Lafitte Marie Lafitte

Pourquoi je n’adhère pas au dispositif “Mon soutien psy” ?

Voici une partie des raisons qui font que j’ai choisi de de pas me conventionner au dispositif “mon soutien psy”

C’est une question que je me suis posée suite à la modification des conditions du conventionnement avec la sécurité sociale.

J’ai décidé après mûre réflexion, de ne pas adhérer à ce dispositif. La revalorisation des séances à hauteur de 50 euros était un argument en faveur de celui-ci, ainsi que le principe de rendre accessible la consultation d’un psychologue même pour les gens à “petits moyens”. Sauf que… C’est oublier que :

  • depuis très longtemps, la possibilité de rencontrer un psychologue gratuitement au sein des CMP (Centres Médico-Psychologiques) et CMPEA (les mêmes dédiés aux Enfants et Adolescents) existe. A Bordeaux, il y a également la Maison des Adolescents, qui leur permet de consulter gratuitement.

  • les critères pour pouvoir bénéficier de “monsoutienpsy” sont loin de correspondre à l’ouverture à tous des CMP. Il faut aller juste suffisamment mal, mais pas trop. Par exemple, si vous prenez un traitement par benzodiazépines (Xanax, Imovane, Stilnox…) depuis plus d’un mois, vous ne pouvez pas être remboursé.e sans l’accord d’un psychiatre…

  • nous, psychologues, ne sommes pas des paramédicaux(-ales), puisque nous ne sommes pas formé.es en fac de médecine, mais bien en Sciences Humaines. Même si vous trouvez des psychologues dans bien des lieux de soins, vous pouvez aussi trouver des psychologues qui ne s’occupent absolument jamais de psychothérapie.

  • étant particulièrement attachée à la notion de liberté, il me parait important que le libre choix de rencontrer ou non un psychologue relève de votre décision. Par ailleurs, des médecins ont toujours orienté vers des psychologues et n’ont pas eu besoin du dispositif pour cela.

  • si vous souffrez de maladie psychique diagnostiquée, telles qu’une schizophrénie, un trouble bipolaire, un trouble grave de la personnalité, la prise en charge par un psychologue est possible mais doit à mon sens absolument s’inscrire dans un contexte global, pluridisciplinaire. C’est là la qualité de ce qu’offrent les suivis dans les CMP, qui voient leurs financements réduire comme peau de chagrin depuis des années (la psychiatrie est le parent pauvre de l’hôpital public), et qui bénéficieraient à mon sens bien plus des financements alloués au dispositif.

Bref, pour moi ce dispositif est une “fausse bonne idée”, qui achève de déshabiller le service public hospitalier pour (mal) habiller un pseudo-remplacement par les psychologues libéraux. Mon expérience de psychologue clinicienne en psychiatrie ne fait que me conforter dans les points que j’ai exposés ci-dessus.

Quant aux tarifs, celleux qui me connaissent savent qu’il est toujours possible d’en discuter.

Si le sujet vous intéresse, et que vous souhaitez aller plus loin, je vous invite à consulter :

  • le site de la sécurité sociale pour les conditions d’accès au dispositif

  • La Tribune écrite par un collectif de syndicats, associations, etc. publiée dans Mediapart dont vous pourrez lire l’intégralité en suivant ce lien LinkedIn

  • la pétition du SNP (Syndicat National des Psychologues), qui détaille plus précisément les choses, et aborde des points que je n’ai pas détaillés ici. Et pourquoi pas la signer ?

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