Comment s’y retrouver dans les différent.es “psys” ?
Comment s’y retrouver parmi les différents psys? en quelques lignes, je vous explique la différence entre psychiatre, psychologue, psychothérapeute et psychoptaticien.ne
« Et toi, tu vois un psy? »
Le problème des diminutifs, c’est qu’ils peuvent être les mêmes pour des choses bien différentes, ce qui entraîne de la confusion.
Ainsi, parmi les « psys », le dénominateur commun se trouve en quelque sorte « dans la tête ». Là encore, c’est bien large !
Alors voici un récapitulatif, forcément un peu simplifié, qui je l’espère vous permettra d’y voir plus clair.
Psychiatre
Un.e psychiatre est un médecin (docteur en médecine), qui a suivi une spécialisation en psychiatrie générale (pendant l’Internat). Cette formation peut être complétée par une surspécialisation en addictologie, en pédo-psychiatrie ou en médecine légale.
Son rôle est le diagnostic, le traitement, et la prévention des maladies mentales. La prescription des psychotropes et traitements adaptés est sa spécialité. Une hospitalisation peut faire partie des soins qu’il ou elle propose.
Psychologue
Tout comme il existe plusieurs sortes de médecins, il existe plusieurs sortes de psychologues. Les seul.es ayant suivi une formation poussée (théorique et pratique) en lien avec la santé mentale sont les psychologues clinicien.nes. C’est pour cela qu’ils sont les seul à pouvoir recevoir le titre de psychothérapeute sans formation complémentaire en psychopathologie et heures de stages complémentaires obligatoires.
Le titre de psychologue est encadré et protégé par la loi. Pour en bénéficier, il faut avoir validé 3 diplômes : licence, maitrise et Master 2 de psychologie (DESS auparavant). Cela implique donc 5 années d’études supérieures.
Le numéro ADELI vous garantit que la personne est inscrite dans les registres de l’ARS (Agence Régionale de Santé), ce qui passe par une vérification des diplômes et attestations nécessaires. Tout psychologue est tenu de vous le fournir sur simple demande.
Un psychologue clinicien a donc une spécialisation, qui se construit pendant le Master là où le médecin construit sa spécialité pendant l’Internat. On trouve par exemple des psychologues du travail, du développement, scolaires, etc.
Par ailleurs, il est possible de poursuivre les études de psychologie avec un doctorat, ce qui explique que l’on trouve des docteurs en psychologie. Mais qu’ils ne sont pas médecins !
Psychothérapeute
Il s’agit là encore d’un titre protégé par la loi. Il vous garantit que la personne qui est autorisée à le détenir a suivi certains prérequis. Seuls peuvent y prétendre de droit :
les médecins psychiatres
Les psychologues cliniciens spécialisés en psychopathologie (justifiant d’au moins 500h de stage pendant les deux années de Master auprès d’un psychologue en institution ayant au minimum 3 ans d’ancienneté pour le stage de Master 2)
Les médecins généralistes et psychologues des autres spécialités peuvent y prétendre sous conditions de formations et de stages.
Attention : contrairement à ce que laisse entendre la détention du titre, un psychothérapeute n’est pas forcément formé à une technique de psychothérapie. Il n’y est d’ailleurs pas contraint, de même qu’il n’est pas contraint à un travail sur soi, à de la supervision ou de l’analyse de sa pratique.
Psychanalyste
La psychanalyse est un modèle parmi d’autres pour penser le psychisme humain, et une technique de psychothérapie. Son invention est généralement attribuée à Freud, et repose sur l’axiome de l’existence de l’inconscient.
Le but de la psychanalyse n’est pas une guérison, un mieux-être, mais une analyse, une meilleure connaissance de soi. La dimension thérapeutique en est un bénéfice mais pas un but.
Pour se dire psychanalyste, il faut en principe avoir suivi une analyse didactique, c’est à dire une analyse ayant un but de formation. L’usage est qu’elle dure 5ans. L’apprentissage est donc à la fois théorique et pratique. La supervision (ou contrôle selon les écoles) est considérée comme nécessaire au minimum au début de la pratique, mais aussi tout au long de l’exercice.
Il n’y a pas de titre de psychanalyste, ce n’est pas protégé par la loi.
Vous pouvez donc avoir des psychanalystes très compétents qui ne soient ni médecin, ni psychologue. Et des médecins psychanalystes, et des psychologues psychanalystes.
Psychopraticien
C’est le terme choisi assez généralement par les praticiens de psychothérapie lorsque le titre de psychologue a été protégé en 2010.
Il désigne généralement une personne qui a été formée à une technique de psychothérapie.
Vous pourrez trouver des psychopraticien.nes très compétent.es ayant suivi des formations solides et qui sont rigoureux-ses et supervisé.es, et des personnes qui auront suivi une formation de 3h sur internet. Mais vous pourrez aussi trouver des professionnel.les titrés qui se déclareront compétents sur des domaines pour lesquels ce n’est pas réellement le cas.
Psychothérapie
La psychothérapie, d’ailleurs, qu’est-ce que c’est?
Ce terme peut désigner le processus de changement qui apporte un mieux être, ou une meilleure connaissance de soi.
Il désigne aussi les différentes techniques de thérapie concernant la dimension psychique. Les grands ensembles de psychothérapies les plus connus sont :
les thérapies psychodynamiques, basées sur les modèles de la psychanalyse. L’hypnose est une technique issue de la psychanalyse. La pratique est peu systématisée, protocolisée ; l’objectif est la compréhension du symptôme dans sa fonctionnalité, la connaissance de ses ressources et de ses défenses. Le symptôme n’est pas central, c’est l’individu et son fonctionnement qui sont regardés. Qu’est-ce qui fait conflit pour lui, comment s’articule son désir, etc.
Les thérapies cognitivo-comportementales, les TCC, qui à l’origine reposaient essentiellement sur les notions de conditionnement pour progressivement intégrer les dimensions émotionnelles et affectives. Ces techniques suivent des protocoles standardisés, et donc sont plus facilement soumises aux tests de validation scientifique. La focalisation se fait généralement sur les symptômes avec pour objectif leur atténuation, voire leur disparition.
Les thérapies systémiques, qui reposent sur le principe que tout être humain est un système dans plusieurs systèmes, et qu’on ne peut pas réduire le tout à la somme des parties. Et que lorsqu’un élément du système bouge, ce dernier s’organise à retrouver son équilibre de départ. Généralement les thérapies familiales sont d’orientation systémique mais pas nécessairement.
Pour ma part, je pratique ce qu’on appelle des psychothérapies intégratives. Cela signifie que les modèles que j’utilise pour penser mon travail peuvent appartenir à différents groupes de psychothérapie. Par exemple, la psychosomatique intégrative considère le modèle psychanalytique comme aussi pertinent que les modèles élaborés grâce aux sciences cognitives et permet de les articuler. Ainsi, la vision de l’individu est plus complexe, plus fine.
De même, la psychogénéalogie considère la personne dans son système familial, tout en utilisant les concepts de la psychanalyse et de transmissions familiales inconscientes.
Avertissement concernant les pratiques
Attention dans certains cas à l’EMDR et l’hypnose, car ces disciplines étant très plébiscitées, des personnes en font un fond de commerce sans démarche éthique que ce soit du côté du soin ou de la formation. (Je les mentionne à titre d’exemple, mais cela est valable avec tout engouement ‘rentable’).
Ce sont des techniques de psychothérapie qui demandent des mois de formation et de mises en pratique, mais que l’on trouver parfois proposées en quelques heures et en distanciel…
De même, nombre de « psys » proposent également des thérapies de couple ou familiales sans assise solide.
Ainsi, je vous invite à favoriser pour un premier contact des gens ayant suivi les formations complètes, et ceci d’autant plus que le trauma est complexe. Je ne suis pour ma part pas formée à ces techniques, mais je fais partie d’un groupe de travail dans lequel des consoeurs le sont et partagent ce point de vue.
Deux sites dont je suis sûre de la qualité des formations pour l’EMDR et la thérapie familiale ou de couple :
L’association EMDR France, très exigeante sur les critères pour être répertorié.e dans l’annuaire
L’IDES : Institut d’Etudes Systémiques, assure des formations longues de qualité pour accompagner ensuite les couples et les familles
Bien sûr ce n’est pas exhaustif.
En conclusion…
Vous l’aurez compris, le diplôme ou le titre ne sont pas des garanties de compétences humaines dans un domaine, mais la garantie de la validation d’une formation théorique et pratique universitaire.
Les certificats sont délivrées hors contexte universitaire, par des organismes de formation indépendants.
Vous pourrez trouver de très bon.nes praticien.es et de moins bon.nes sous toutes ces appellations.
Alors faites confiance à ce qui correspond à votre besoin. Certain.es seront rassuré.es par un bagage universitaire, d’autres par un contact plus indéfinissable. Et surtout, si quelque chose change, ne vous convient pas ou plus dans la relation thérapeutique, osez en parler. Une relation thérapeutique « suffisamment bonne » est évolutive.