J’ai lu “Survivre à ses parents toxiques” de Mariko Kikuchi

survivre à ses parents toxiques

« Survivre à ses parents toxiques », de Mariko Kikuchi, Editions Akata. Traduction de Alexandre Fournier.


Les mangas, ce n’est pas que pour les enfants ou les ados… Merci à ma consoeur Caroline Laurans qui m’a fait découvrir cette Mangaka dont il s’agit du second ouvrage.

A travers une galerie de dix portraits, Mariko Kikuchi nous amène à la découverte de multiples formes que peuvent prendre les liens toxiques.

Si la dénomination “parent toxique” est souvent l’usage, je préfère parler de “lien toxique”, car comme on le découvre à travers différents personnages, c’est bien le lien relationnel qui est perverti, néfaste. De plus, si l’on enferme la personne sous cette étiquette de « toxique » ou de « pervers », on retire toute possibilité d’accueillir la complexité. Ainsi, le père de Mariko n’est pas “toxique” dans ses relations amicales par exemple, alors que les modalités relationnelles intrafamiliales sont catastrophiques.

En revanche, la toxicité du lien peut justifier à elle seule le sous titre « vous n’êtes pas obligés de les pardonner ». Car non, on n’est pas obligé de pardonner des comportements destructeurs, ou empêchant même la construction stable de soi, sous prétexte qu’il s’agit de ceux qui nous ont donné la vie. Comme savent si bien le dire les adolescents « j’ai pas demandé à vivre ».

Un des éléments que j’ai aimé dans ce manga, c’est qu’il montre la transversalité des ressentis des enfants aux prises avec des situations très différentes. Un sentiment de normalité de la famille dans un premier temps, avec une minimisation du vécu ensuite. Lorsqu’ils découvrent une altérité familiale, il y a un effet de choc. Le bon, le doux, l’ordinaire peuvent apparaitre comme ennuyeux. Des situations similaires vont être minimisées. Ou encore, la honte ressentie fera cacher profondément la réalité aux regards extérieurs, voire à soi même. On s’approche alors de ce qui a été nommé un faux-self, un soi composé pour le monde extérieur, qui permet de protéger le vrai soi bien à l’abri… au point de ne parfois plus trop savoir qui l’on est. Et ceci d’autant plus quand on n’a pas pu côtoyer un autre regard.

Car c’est à travers la rencontre que la prise de conscience peut avoir lieu.

C’est à travers ce qu’un autre va en dire, en entendre, en voir, que les questions peuvent advenir.

Ainsi, dans la thérapie c’est la rencontre qui prime. Puis, c’est à travers ce qui vient se rejouer dans les modalités relationnelles que l’on peut comprendre, transformer le regard que l’on porte sur soi et sur son histoire. Penser pouvoir rester seul pour réparer son rapport aux autres est un leurre qui prend sa racine dans ces rapports initiaux à ceux qui ont constitué notre environnement dans la petite enfance. Ce qui a été abimé, meurtri par une relation peut se travailler à travers une autre relation. Certains couples vont remplir cette fonction là par exemple, comme le montre le personnage d’Artesia.

Ce livre permet quelque chose de très important : sortir de la solitude. Banaliser les ressentis de ces enfants devenus adultes qui pensent qu’ils sont responsables. C’est banal que l’enfant se sente coupable, responsable. Banal mais injuste. C’est un renversement de culpabilité qui permet de survivre à la situation, mais qui est injuste. Même si les cicatrices restent car on ne refait pas le passé, en prendre soin est important.

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